LES LIAISONS DANGEREUSES

LES LIAISONS DANGEREUSES

D’après Choderlos de Laclos
Adaptation: Alain Beaufort

Genre: drame historique

Distribution: 6 femmes et 3 hommes

Résumé: Deux amants qui s’aiment et se déchirent jouent au jeux dangereux de vouloir séduire des proies pour leur seul plaisir. Ils sont tour à tour aimés puis haïs. Utilisant les autres comme pions de leur bon plaisir c’est un amusement que seul la mort peut clore. Il s’agit d’une adaptation la plus fidèle possible au propos et au ton de l’original. 

Durée: 

Personnages:

Cécile de Volanges: jeune aristocrate écervelée et naïve
Madame de Volanges: Sa mère, pleine de principe et rigide
Madame de Merteuil: Séductrice et machiavélique
Monsieur de Valmont: Séducteur et machiavélique
Azolan: Valet et homme de confiance de Valmont
Madame de Rosemonde: Parente âgée et aimable de Valmont
Madame de Tourvel: Jeune femme convoitée par Valmont
Chevalier Danseny: Jeune pion dans un jeu qui le dépasse
Emilie: Maîtresse de Valmont

Act, scene

Merteuil: Pauvre petite, il faudra l’éloigner. A la campagne peut être. Je pourrais l’y accompagner pour prendre soin d’elle et la mettre sous le nez de Valmont qui finira bien par me rendre ce service. Une vierge, c’est ennuyeux mais Gercourt cocu entre le couvent et le mariage, quelle joie!
Valmont: (Entrant) Quelle joie?
Merteuil: Quelle joie! Vous, Vicomte, à Paris.
Valmont: La belle agonisante m’a prié de partir. Bouleversée par le trop de sensations que je lui fais ressentir.
Merteuil: Vous l’a-t-elle écrit?
Valmont: Pas encore. Mais rassurez-vous, je ne vous demanderai plus d’acompte.
Merteuil: Comme c’est dommage, je suis d’humeur joyeuse aujourd’hui.
Valmont: Non, non. Restons-en aux termes du pari. Voyez-vous Marquise, lorsqu’elle me pria de partir je fus d’abord heureux car je compris qu’elle capitulait. Puis j’en fus exaspéré car je la sentais prête à être prise me murmurant des « oh non, oh non, oh mon Dieu » qui m’auraient été divins. Finalement le voyage m’a refroidi et je suis assez satisfait de reculer l’ultime passe d’arme de quelques jours.
Merteuil: Avez-vous su qui vous discrédite aux yeux de la belle?
Valmont: Ah certes oui. Votre amie, votre cousine, cette infâme Volanges. Il faudra que je m’occupe de cela aussi. Votre proposition de culbuter Cécile est-elle toujours à honorer?
Merteuil: Vicomte, je vous retrouve. Et bien oui, mais j’allais vous l’apporter sur un plateau à la campagne.
Valmont: Voyez-vous cela!
Merteuil: Comme mes bontés vous sont acquises, cher ami, je vais même vous servir de prétexte pour retourner auprès de votre belle.
Valmont: Je me réjouis de pouvoir vous remercier durant de longues heures. Vous me ferez donc expressément appeler une fois là-bas?
Merteuil: Absolument. Vous savez que j’ai un procès en cours. Disons que je serai obligée d’en appeler à votre expérience, vous qui avez toujours gagné tous les vôtres.
Valmont: Marquise, quand je vous regarde, si brillante et si drôle, je me demande comment vous êtes devenue cela?
Merteuil: Ah? Voici un chapitre important de mes mémoires que je n’écrirai pas. Voyez-vous Vicomte, lorsque je compris que la vie qui m’attendait n’était ni plus ni moins celle d’un objet, acheté par un vieillard, vendu par une famille pressée d’entrer en affaire, je me sentis disparaître. Un jour, il m’apparut que je pouvais, que je devais, venger mon sexe et dominer le vôtre. Vous sourcillez Vicomte. Mais la chair est faible comme le dit un indigne de votre camps. Je me fis donc experte en dissimulation. Je m’exerçais sans relâche, même dans les moments de joie, à apparaître toujours détachée. J’appris à sourire agréablement tandis que sous la table, je m’enfonçais une fourchette dans les doigts, juste en dessous des ongles. C’est à ce prix que je devins une virtuose de la tromperie. Pour les choses qui maintenant occupent toute ma pensée, j’avais moins envie de jouir que de savoir. Mais comment, à quinze ans, étroitement surveillée, pouvais-je faire ? Le seul homme que je voyais étant mon confesseur, je préparais une histoire à confesser dont la réaction devait m’éclairer sur l’intensité du mal que je voulais découvrir. Le saint homme en fût horrifié et cette découverte éteignit ma curiosité. Monsieur de Merteuil me trouva vierge dans son lit. Je fus l’observatrice de cette petite douleur et de ce grand plaisir que j’avais impatience à revivre. Merteuil fût admirable et mourut avant d’être ennuyeux.
Valmont: Ou cocu?
Merteuil: C’est un aspect des choses auquel je n’avais pas pensé, mais oui en effet. Aujourd’hui mon observation se termine car, hélas, les hommes sont décidément sans surprise.
Valmont: Ah bon?
Merteuil: Vous Vicomte, votre réputation vous précédait et je vous désirais avant de vous connaître.
Valmont: Et après?
Merteuil: Après encore. Vous manquiez à mon tableau de chasse. Ce désir de vous qui ne s’est jamais dissout avec l’aube vous place bien en vue dans ma croisade.
Valmont: Merci.
Merteuil: Mais revenons à notre petite Cécile. Je lui ai promis de lui arranger un tête à tête avec son Danceny. Mais je crains qu’ils ne soient tous les deux si peu délurés que rien n’en advienne.
Valmont: Que voulez-vous...
Merteuil: Cette petite est si tendre, si caressante, que parfois je me sens l’âme de tout lui apprendre.
Valmont: Que ne le faites-vous au chevalier aussi?
Merteuil: Ne me tentez pas Vicomte.



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