Lui: ex-amant
Elle: ex-maîtresse
Julien: domestique de Madame
Il va pour sortir, passe devant le Monsieur, le voit et sursaute. Le Monsieur lui tend un billet de banque et lui fait signe de se taire. Julien, l’empoche et revient vers la dame.
Julien: Madame, le Monsieur s’est retiré, je ne le vois plus.
Elle: Ah bien, très bien. Au moins, il aura appris ça avec le temps.
Julien: Quoi Madame ?
Elle: Et bien de ne pas insister mais c’est valable pour vous aussi. Laissez-moi.
Julien: Madame est fâchée après moi ?
Elle: Mais non, mais laissez-moi.
Julien: Ah mais je vois bien que Madame veut me dire quelque chose mais qu’elle n’ose pas.
Elle: Mais non, laissez-moi.
Julien: Pourtant ...
Elle: Mais ça suffit à la fin !
Julien: Madame veut me renvoyer?
Elle: Mais qu’est-ce que vous me chantez-la ? Je vous demande de vous retirer, on ne vous a jamais appris à faire cela ?
Julien: Oh si, très souvent Madame...
Elle: Ne faîtes pas l’impertinent, vous savez que j’ai horreur de cela. Vous avez beau être un charmant garçon, vous n’en êtes pas moins mon domestique et j’entends être obéies sans devoir me répéter. Est-ce assez clair?
Julien: On pourrait y voir la nuit...
Julien sort.
Elle: Voila deux impertinents dans la même matinée ! Une journée qui commence mal. Pourquoi est-il revenu ? On n’a vraiment plus rien à se dire. Qu’est-ce qui a pu lui traverser l’esprit....il aura compris sans doute son erreur...et bien c’est un peu tard...je ne suis pas une femme qu’on laisse et qu’on reprend à loisir...
Il s’approche d’elle silencieusement et se penche lentement vers son visage.
Lui: En effet, Madame, j’ai bien compris mon erreur...
Elle sursautant: Comment, vous êtes là ?
Lui: Je constate que vous avez toujours un sens aigu de l’observation.
Elle: Ah, l’ironie, déjà...encore...voila un trait qui ne me manquait pas du tout !
Lui: Mais bien les autres alors ? Et puis vous savez comme je suis et à mon âge, on ne change plus guère. On évolue encore ou on régresse surement. Question de point de vue.
Elle: Ah.
Lui: Et vous avez raison sur toute la ligne...
Elle: A savoir...
Lui: Dame, ce que vous murmuriez tout à l’heure entre vos dents.
Elle: Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
Lui: Comprendre ses erreurs...prendre à loisir....
Elle: Reprendre à loisir.
Lui: Je vous demande pardon, je n’avais pas ouï correctement mais cela revient au même finalement.
Elle: Ecoutez...
Lui: Et vous avez encore raison sur un point, vous n’êtes pas une femme qu’on reprend...
Elle: Qu’est-ce que cela veut dire encore ?
Lui: Comment encore ?
Elle: Me trouvez-vous changée?
Lui: Euh
Elle: Blet!
Lui: Blet ?
Elle: Ah je lis dans vos yeux le mépris, ne niez pas, oui, le temps à passé mais il me semble que je me défend encore pas trop mal.
Lui: C’est à dire...
Elle: Mufle, vous êtes odieux!
Lui: Me permettrez vous de placer un mot?
Elle: Si il le faut !
Lui: Merci. Vous êtes encore et toujours parfaitement charmante.
Elle: Ah...
Lui: Et je ne vous connaitrais pas, je me serais retourné sur vous dans la rue.
Elle: Je ne vous crois pas.
Lui: Il y a chez vous ce petit côté indéfinissable qui fait friser les hommes.
Elle: Qu’entendez vous par là?
Lui: Rien de plus. N’y voyez que de l’admiration pour votre charme sans sous-entendus.
Elle: Avec vous, il n’y a jamais que des sous-entendus.
Lui: Je vous présente mes excuses d’être si subtil, mais que voulez-vous, à mon âge...
Elle: Oui, je sais, on ne change pas, on évolue ou on régresse et c’est bien dommage. Partez, s’il-vous- plaît.
Lui: En revanche, vous, vous avez changé ?
Elle: Ah ? Mais vous disiez...
Lui: Le «s’il vous plait» est bien inattendu.
Elle: Je me demande bien ce que j’ai pu vous trouver à cette époque ?
Lui: l’intelligence, la répartie, le charme, l’humour...
Elle: Fat !
Protégé par le droit d'auteur. Pour recevoir la version complète de la pièce, veuillez nous contacter.
Offline Website Software